Ses pièces ont du succès. Sa vie privée est un néant navrant. Mais le quotidien du dramaturge vaut d’être conté par le menu afin d’en mesurer la spectaculaire médiocrité. Chaque épisode tient en quelques pages et une succession de vignettes réalistes, commentées par une voix off où les auteurs (britanniques) s’en donnent à coeur joie dans la fausse neutralité factuelle, expression achevée, en réalité, d’une abrasive ironie pince-sans-rire. On saura tout du temps que le personnage passe à explorer les sites porno sur Internet et de celui qu’il perd à échafauder des stratégies de drague calamiteuses. Images cadrées serré, pas un mot de trop : cette épure de satire pointe les déboires du dramaturge, son inadap­tation un peu ridicule à la réalité et ­l’assèchement accéléré de son inspi­ration. On compatit, mais surtout on se délecte de les voir, de bout en bout, si drôlement décortiqués.
| The Playwright, traduit de l’anglais par Jean-Paul Jennequin | Ed. Çà et là | 160 p., 18 €.
Jean-Claude Loiseau – Telerama n° 3259