L’agence Illustrissimo fête ses 20 ans cette année !
L’occasion pour son créateur Michel Lagarde de revenir sur les traces de son parcours d’agent et d’éditeur.
Ce livre présente en trois parties les étapes clés, une interview richement illustrée, un abécédaire tout en image avec les talents actuels de l’agence et une troisième partie confiée à quelques dessinateurs et auteurs amis invités pour l’occasion.
Un livre de témoignage sur une profession peu connue, faites de rencontres avec des auteurs qui comptent dans le milieu de l’illustration.
Parmi les signatures : Blexbolex, Icinori, Mc Bess, Martin Jarrie, Marion Fayolle, Jean Jullien, Quentin Vijoux et beaucoup d’autres à retrouver aussi sur www.illustrissimo.fr !
Format : 24×32cm / Prix : 16 euros
Exposition à la Galerie Michel Lagarde (13 rue Bouchardon 75010 Paris)
du 25 octobre au 23 novembre, ouvert du mardi au vendredi de 14h à 19h.
Plus d’infos sur : http://www.michellagarde.fr/exposition/9/exposition-illustrissimo-a-20-ans.html
Comment tout a démarré ?
J’ai commencé au lycée par éditer des sérigraphies d’auteurs de bande dessinée pendant presque 5 ans (de 1984 à 1989), ma première vie professionnelle d’éditeur… Dans le Bordeaux de la fin des années 80, j’organise l’exposition dans une librairie d’images d’une dizaine d’illustrateurs du cru, sous le titre: «Dix illustrateurs s’affichent ». Dans le domaine, publicitaire mon premier travail commandé fut avec, l’illustrateur et peintre bordelais, Jofo provoqué par une série de publications autour de ses images sur la ville de Bordeaux. Devenant son agent par la même occasion, j’ai étoffé mon premier catalogue d’illustrateurs et je fais mes gammes d’agent à Bordeaux avec des illustrateurs nommés Patrick Mandray, Philippe Coudray, Luc Aussibal, Emile Bravo, O’Groj et quelques autres… Les 20 ans d’Illustrissimo que nous fêtons cette année sont ceux du démarrage de l’activité à Paris.
Sélection subjective de livres jeunesse de chevet des années 80 (copyright Ludovic Bollo)
D’où te vient ce goût pour l’illustration ?
De la bande dessinée, je me souviens avoir toujours été plus intéressé par le dessin que par l’histoire.
Aussi bien Hugo Pratt que Tardi ou plus globalement les albums des auteurs édités par Dupuis, Dargaud, Casterman Les Humanos et même Glénat pour ne citer qu’eux, et du dessin d’humour (Sempé bien
évidemment ou Chaval). Il y a aussi Yves Chaland qui a fait, à mes yeux, la passerelle entre l’auteur de Bande dessinée et l’illustration .
Si tout petit, je dessinais peu dans les marges de mes cahiers, je découpais les illustrations dans les journaux de mes parents , puis je les classais ensuite dans des pochettes (je les possède toujours
d’ailleurs), une par dessinateur ou par genre. j’étais un peu agent sans le savoir, préparant le sélection des images de mes idoles. Il m’arrivait aussi d’écrire aux auteurs de BD, par le biais des magazines, je recevais généralement une réponse avec un petit dessin.
J’avais 15 ans, et je ne doutais de rien.
Dessinais-tu ?
Oui, jusqu’au bac environ. Mais j’ai vite réalisé que mon œil était meilleur que ma main, du coup j’ai plus
rapidement pris confiance en mes capacités de jugement, voilà pourquoi je fais ce métier avec la même passion qu’au premier jour, sans avoir la frustration d’être passé à coté de mon talent de dessinateur raté.
Sélection subjective des revues et magazines de chevet des années 80 (copyright Ludovic Bollo)
Que faut-il, selon toi, pour être un bon agent ?
De la curiosité, c’est la première des qualités. Plus encore il n’y a rien de possible sans elle. Découvrir est
le principal plaisir de ce travail, il faut aller chercher et se forger une conviction avant les autres, être un peu pionnier aussi donc. La satisfaction vient lorsque le travail est reconnu, comme partout ailleurs je pense. Je fais en sorte de faire mes choix, en restant en accord avec mes goûts et ce que je ressens au moment de la rencontre avec l’illustrateur, si le courant ne passe pas tout de suite entre nous, je préfère passer mon tour.
Et dans la pratique ?
Une chose que les gens ne réalisent pas c’est que je reçois plus de mille dossiers par an, et j’essaie de
répondre à tous pour ne pas insulter l’avenir ! Le plus souvent je suis allé chercher moi-même les illustrateurs que je représente. Ceux qui ont un vrai talent , on va les chercher là où ils se trouvent, ça rejoint l’idée de découvreur dont je parlais un peu plus haut. Dans l’illustration il y a beaucoup plus d’imitateurs que de créateurs , et ce sont ces derniers qui m’intéressent. Je fais en sorte de faire
coïncider ce qui me plait et ce qui peut marcher. Un illustrateur qui travaille pour la publicité, atteint souvent selon moi son meilleur niveau commercial généralement entre 25 et 30 ans, passé ce cap, seuls
les meilleurs restent dans la course. Après nait la difficulté de se renouveler et de rester dans l’air du temps. Un agent qui n’est pas aussi un bon découvreur appauvrit son activité, la réduit à l’aspect
commercial. Et puis il faut aussi veiller à bien s’entourer, aussi bien avec les illustrateurs et les collaborateurs directs. De ce coté là, je suis assez gâté en ce moment. Je dois rester le garant de la
tranquillité des mes clients, mettre de l’huile dans dans les relations entre illustrateurs et les boites de pub, et du beurre dans les épinards si possible.
Publications liées à Illustrissimo dans les années 90 (copyright Ludovic Bollo)
Avec les nouveaux locaux, rue Bouchardon, tu renoues avec l’édition, tu disposes aussi d’un espace galerie, quels sont les liens entre ces deux activités et celle d’agent ?
Pour ce qui est de l’activité d’éditeur, j’avais l’impression de l’être même lorsque je n’éditais plus grand
chose. Je vis celà comme un retour aux sources. je m’autorise un léger pas de coté avec la partie la plus commerciale de mon travail.La partie galerie exercée dans nos bureaux (après une première expérience de 1993 à 1995) est le complément naturel idéal à tout ça. Cela reflète aussi mon parcours de collectionneur, tout comme avec l’édition, c’est l’ envie de partager ce que j’aime profondément. Faire dans le même lieu et à des moments différents la promotion de jeunes artistes et mettre en avant des illustrateurs du passé, dont certains totalement oubliés du public. J’ai la chance de pouvoir financer mes passions, avec mon activité d’agent. C’est assez excitant de jongler entre les commandes venues de l’extérieur et mes projets personnels. En tant qu’agent, j’ai affaire à de courts délais, à une stimulation journalière, pour la
partie concernant l’édition et la galerie le temps de la réflexion est plus espacé, je travaille sur le long terme. Au final chez l’un comme chez l’autre, c’est une activité de passeur qui me convient bien.
Peux-tu nous parler à présent de cette série d’entretiens ?
Pour les 15 ans de l’agence, Blexbolex avait réalisé une série d’illustrations pour un portfolio sur la chaine
graphique. J’ai eu l’envie, pour les 20 ans, de l’agence de reprendre cette idée en faisant, cette fois ci, parler toutes ces personnes, les intermédiaires, les autres acteurs de cette chaine graphiques. Des
professions indispensables mais peu souvent mises en avant, des travailleurs de l’ombre. Tous les invités de ces entretiens sont des personnes que je connais que j’apprécie, il me paraissait intéressant de les faire parler de leur métier par le biais d’un candide curieux avec un regard nouveau et neutre sur ces professions.