En pleine Dépression et New Deal, Alan Lomax (1915-2002) et son père John sont missionnés par la Bibliothèque du Congrès de Washington pour enregistrer le folklore du Sud des États-Unis. Ils transforment l’arrière de leur voiture afin d’y loger un matériel primitif de gravure de cylindres, et s’arrêtent dans les rues, les bouges, les exploitations agricoles, les prisons et les églises. Ces innombrables collectages ont été l’occasion de rencontres et de réflexions, qui sont rassemblées dans ces mémoires, véritable panorama des relations sociales et raciales dans le Sud des années 1940 et 1950, où un Blanc ne pouvait être « l’ami des nègres ».
Matériel d’enregistrement à l’arrière de la voiture de Lomax (fin des années 30).
Lomax rapporte les aventures picaresques de ceux qui jouent et chantent cette «musique du Diable » (pour le blues) ou « de Dieu » (pour les spirituals et le gospel). Leadbelly, Son House, Muddy Waters et des dizaines d’autres musiciens s’assoient devant ses micros. Dès les années 1950, grâce à ses enregistrements, le blues est au centre d’influence de la musique populaire occidentale : Elvis Presley mélange la country des « petits-Blancs » avec le rythme syncopé du rythm’n’blues ; Bob Dylan s’inscrit dans la tradition des folklores nord-américains ; plus tard les Rolling Stones reprennent nombre de morceaux de leurs aînés bluesmen ; jusqu’à nos jours, avec la soul, le funk et le rap, ou encore le succès planétaire de Moby recyclant les standards du blues (Play, 1999).
Sid Hemphill and Lucius Smith, 1959.
Durant toure sa vie, le musicologue Alan Lomax a accompli une oeuvre de collecte musicale unique. Consciencieusement, jusqu’à sa mort en 2002, il a collecté des enregistrements qu’il souhaitait diffuser au plus grand nombre.
A plus de 80 ans, Alan Lomax travaillait sur la réalisation d’une base de données multimédia présentant plus de six cents cultures du monde. Depuis plus de soixante ans, la vocation d’Alan Lomax était de recueillir des perles de culture, hors du champ de la musique commerciale. Son oeuvre est la captation d’un héritage.
Le Pays ou naquit le blues
Alan Lomax
Les Fondeurs de briques
Traduit de l’anglais (U.S.).
750 pages, 17×22 cm, broché avec rabats.
comprend deux cahiers photos de 16 pages et 1 CD 10 titres.
35,00 €
Parution le 15 octobre 2012.
Et aussi :
Fiche Wikipedia de Alan Lomax
Alan Lomax sur le site de l’association Culturak Equity
Alan Lomax en ligne, France Culture, émission Frontières 11-12 par Alexis Ipatovtsev, 21 mai 2012.
Le documentaire « The Land where the Blues began » :